Finis les insectes qu’on pourchasse au bégon vert, finie la condescendance envers le peuple de l’herbe, car voici venue, la mouche la plus classe de la planète. Il lui fallait du surmesure, ce à quoi l’entreprise hi-teck Micreon, basée à Hanovre, en Allemagne, s’est attelée, avec cette prouesse que nous rapporte National Geographic (via BoingBoing) : des nano-lunettes taillées au laser spécialement designées pour le diptère (qui a, no offense, une très petite tête). Avec une précision d’un millième de millimètre, on attend avec impatience la nano-collection été 2006 : la barrette à cheveux pour acariens signée Chrisitan Dior, ou les sandales siglées Armani pour araignée (x8 donc). Et puisqu’on parle d’eux, n’oublions pas nos classiques.
On se souvient sûrement du tout récent smiley nanoscopique, exploit que l’on doit à l’ingénierie ADN, eh bien sachez qu’il existe déjà aujourd’hui une discipline artistique, le nano-art avec son chef de file autoproclamé, l’artiste californien, Cris Orfescu. Écoutons-le :
“Je crois que les gens devraient connaître davantage ce qui se passe aux échelles micro et nanoscopique, pour ne plus être effrayés par toutes ces ‘nano-choses’, qu’il s’agisse de nanotechnologie, de nanosciences, de nanopoudres, qui constituent dès à présent une nouvelle révolution technologique ? . Expliquant que “l’art ne doit pas rester éloigné de la technologie ? , il entend “interpréter le mouvement technologique ? en “trouvant des similitudes entre le nanomonde et le monde dans lequel nous vivons ? , pour “aider les gens à devenir familier avec ces nouvelles technologies, d’une façon attirante ? .
Avec une mouche à lunette ?

Outre le caractère incongru de l’événement qui ne fait pas honneur au Service public, on en vient à se poser quelques questions. Et d’abord pourquoi le Sénat s’est-il prêté à ce jeu de télé-popu-réalité ? L’émission d’importation britannique déjà diffusée en Angleterre et en Allemagne, ne s’est pas tenue ni à la Chambre des Lords ni au Bundesrat. Apparemment on est moins regardant ici, à moins que cela ne soit l’expression de l’exception culturelle française… Et puis il y a les symboles : voir un Ardisson royaliste et gueulard dans une enceinte démocratique, on se dit qu’au fond de lui, il doit bien se marrer le Thierry. D’autant que la loge de monsieur (qui quémanda du Champagne millésimé au frais de la princesse paraît-il) fut exceptionnellement sise à la salle dite du « cabinet des Ministres » pancardé pour l’occasion « Loge d’Ardisson »… Le Sénat est donc devenu, le temps d’une émission, une grande salle de spectacle type du Zénith ou Olympia, avec une logistique digne des plus grands événements du Showbiz. On se souvient de la visite cordiale de sa majesté la reine Elisabeth qui, elle, n’a pas eu droit aux mêmes honneurs de l’Hémicycle…